mercredi 30 octobre 2013

Lexique

Pour faire la transition avec la thématique 2013 (le Langage), nous proposons cette exposition:

dimanche 27 octobre 2013

collecte de documents originaux

A ce jour, nous avons déjà une riche documentation fournie par les habituées de la bibliothèque: Correspondances, poèmes, carnet d'écolière, carnet de guerre et de chansons, revues d'époque, etc.

Toutefois, tous les nouveaux documents seront étudiés et intégrés à l'exposition. N'hésitez par à farfouiller dans vos vieilles malles.

Du 9 au 16 novembre, la mission centenaire organise également sa ''grande collecte" au niveau national. Pour la Loire, ce sont les archives départementales qui collectent et scannent tous les document originaux qui lui seront prêtés.

samedi 26 octobre 2013

carnet du caporal Marius B.

Entre deux envolées lyriques, Marius prend souvent un ton un peu ironique. Dans l'extrait suivant il rencontre le capitaine d'un autre bataillon lors d'une patrouille de reconnaissance qu'il mène à la tête de son escouade.
retranscrit avec ponctuation et texte non corrigés.

"6 septembre 1914
(...)
D'où êtes vous reprit-il, de l'Isère lui dis-je.
Vous me paraissez très intelligent de l'Isère de l'Isère cela ne m'étonne plus ils le sont à peu près tous. Tous mes compliments vous pouvez disposer.
Enivré par ces propos flatteurs je me sentais plus léger et descendais d'une allure vive."
(*il était originaire de Monsteroux-Milieu)

Marius n'est pas un sous officier de carrière, il parle de l'aspect militaire mais c'est plutôt le récit du quotidien qui domine: comment trouver à se nourrir, passer les nuits dans les moins mauvaises conditions possibles (il pleut beaucoup dans son secteur des Vosges), etc.
plus loin, lors de cette même reconnaissance, il rencontre des chasseurs de l'autre bataillon qui lui proposent du "chenapse"
" Je m'arrête appelle les autres et le rassemblement fut vite fait surtout quand ils sentirent la gniole"

Poilus, tranches de vies (4)

Carnet de Marius, caporal au 54ème bataillon de chasseurs, la réserve du 14ème BCP où il a effectué son service militaire de 1907 à 1909 ( le service était alors de deux ans).
Rappelé lors de la mobilisation du 4 août 1914, il s'embarque par train avec son bataillon dans la gare de St-Michel-de-Maurienne, direction le front.
Le bataillon combat, comme beaucoup de vérinois, au col de la Chipotte. Puis c'est direction le nord, la "course à la mer".
Dans son petit carnet très bien écrit, nous suivons Marius du 23 août au 9 octobre 1914.
Il est alors dans le Pas de Calais, non loin de Lens lorsque le bataillon reçoit l'ordre de venir au secours de la 10ème division de cavalerie.
Pour cette mission de sauvetage réussie, les cavaliers les nommeront le "bataillon d'élite", malheureusement pour Marius, c'est la dernière page de son carnet!
" 9 octobre 1914     Réveillé à 5 heures 
je reprends la queue de la casserole pour faire chauffer le café que j'avais eu soin de conserver la veille. On le boit avant de sortir et on part.
(...)"
Le soir, la guerre était finie pour Marius et la section qu'il commandait.

Heureusement pour lui et pour l'histoire, il n'est pas mort ce jour-là. En réalité son journal est un travail de mémoire réalisé en captivité, il a été rédigé en 1915 et non directement dans le vif de l'action.
A lecture, on sent qu'il a eu le temps de réfléchir à son écriture. Quant aux faits et anecdotes, malgré le recul on peut penser qu'ils sont fiables, le carnet est quasi contemporain de l'action.
Le Journal de Marche du bataillon n'existant plus, pour retracer le parcours de ces soldats, il ne reste guère que ce genre de témoignage ou les références dans les journaux de division (les dates et lieux correspondent, ce qui renforce la fiabilité du récit)
il raconte en détail sa capture et le rôle des officiers (ordres contradictoires et surtout absents de la zone du combat).
il est intéressant de noter qu'il a écrit sur un carnet allemand et que figure à la fin, les noms et coordonnées de ses chasseurs (probablement pour garder le contact après guerre).

Poilus, tranches de vies (3)

Après avoir découvert le parcours d'un paisible vigneron devenu guerrier le temps d'un conflit, puis le père de famille un brin poète et contraint de "quitter foyer et travail pour la patrie", voici la jeune fille, du moins son cahier d'écolière.

Le niveau n'est pas indiqué, d'après les auteurs cités et la maîtrise de la plume, il s'agit probablement d'une classe en fin d'éducation primaire.
Nous n'avons pas encore retrouvé sa date de naissance avec exactitude.
En revanche le cahier est daté: 1914-1915
Si le ton général et les textes choisis laissent peu de doute sur le caractère patriotique de l'institutrice, aucun indice ne permet, dans ces pages, de connaître l'état d'esprit de la fillette.

en voici un court extrait:
 "(...)
Belgique
Glorieux enfants de la Belgique
Nous vous donnons un doux baiser,
Nous chantons l'ardeur héroïque
Qu'aux tyrans vous avez opposée
Un roulement d'artillerie
Marquant le pas de ces brigands
Couvre les chants la raillerie
Des demi dieux de Allemands

refrain
Pointez vos canons! Répondez aux brigands
           Marchez fièrement
           Marchez franchement
Puisque, héros! Vous êtes des géants
(...) "
La Marseillaise des alliés
Téllial, élève de l'école de St Cyr

note: chaque texte est retranscrit dans son jus, nous ne corrigeons pas les fautes, qui restent relativement rares

Dans la documentation accumulée lors de nos recherches, la littérature donnée aux enfants de l'époque est nettement plus patriotique que les textes des soldats eux-mêmes.
Les poilus racontent se battre plus par devoir que par choix. Nous ne retrouvons pas vraiment, à l'écrit, de termes péjoratifs.
"L'allemand" est même rarement cité dans les lettres et les textes. Parfois il est simplement fait question de "l'ennemi" sans l'exaltation que l'on retrouve dans le petit cahier d'école.

Poilus, tranches de vies (2)

" Bien avant que la grande masse se meuve
Pour s'entasser au loin et soutenir l'épreuve
Le long des grandes routes, canaux et voies ferrées
Echelonnés par postes, étaient les G.V.C.
(...)"
 Pétrus C, Garde des Voies de Communication en poste à Francheville, Rhône

Petrus était originaire de Vérin. Il a écrit plusieurs pages à la manière d'un poème sur sa guerre de 14. Les lecteurs pourront retrouver la suite de ce précieux témoignage dans l'ouvrage de la commune de Vérin.

Les GVC sont un peu oubliés de nos jours, il s'agissait des hommes à partir d'une quarantaine d'années.
A la mobilisation générale du 4 août 1914, malgré les années de service militaire dans l'active puis la réserve et enfin dans les régiments territoriaux, ils ont été rappelé pour assurer la protection des usines, des lieux stratégiques et des grands axes de communication où circulait le flux vital en soldats et matériels. L'armée craignait des sabotages et préférait consacrer ses troupes fraîches aux premières lignes.

Dans le lexique de 14, qui sera présenté à partir de cet automne, vous retrouverez les GVC assimilés aux soldats territoriaux sous le terme de "pépère".
Ces affectations n'étant toutefois pas sans dangers puisque de nombreux territoriaux et GVC sont reconnus "morts pour la France".

Les témoignages comme celui de Pétrus sont intéressants, ils permettent de montrer d'autres visages de la guerre et les bouleversements dans la vie quotidienne. Le conflit de 14/18 étant souvent symbolisé principalement par le poilu dans sa tranchée de Verdun.
Nous avons maintenant de nombreux documents sur vie quotidienne de Vérin à l'époque, de la réquisition du foin en passant par l'interdiction de la chasse et ses conséquences (un gibier en trop grand nombre qui ravageait les cultures), les demandes de permissions demandées aux institutions pour libérer quelques jours un soldat qui était le seul à savoir faire fonctionner la batteuse, etc.
Bien qu'éloigné du front, Vérin a énormément souffert au quotidien.

Pendant que Pétrus était envoyé en banlieue lyonnaise, des GVC d'autres villages sont venus protéger le tunnel ferroviaire de Vérin.
Une délibération du Conseil municipal a gardé la trace des problèmes posés par l'établissement d'un poste de 6 GVC (Logement et nourriture devant être assurés par la commune)

Poilus, tranches de vies (1)

Nous sommes allés au archives de St Etienne avec la liste de tous les vérinois des classes 1900 à 1918, ceux qui sont susceptibles d'avoir participé à la guerre (cf article précédent).
Il fallait bien en choisir un pour commencer, et c'est le hasard qui a décidé du premier: Jean Régis C. de la classe 1905 (les garçons nés en 1885). 

De la cuirasse à la culasse (extrait de l'ouvrage sur les poilus de Vérin).

Jean est né le jour de la Noël 1885, à Château Grillet où ses parents travaillaient. Lors du recensement de 1906 il se déclare "cultivateur" au domaine. Nous le retrouvons ensuite comme "engagé volontaire" au 7ème régiment de cuirassiers de Lyon.

 "Engagé volontaire" signifiait à l'époque que le conscrit souhaitait faire carrière dans l'armée. Mais aussi, dans bien des cas, il souhaitait réaliser simplement son service militaire lors d'une période choisie et non imposée.
C'est ainsi que Jean quitte la cuirasse en 1908 pour être versé dans la réserve d'active à la fin de son service. Il semble avoir repris le cours de sa vie puisque nous le retrouvons à nouveau cultivateur au recensement de 1911.
En 1913, sa période de réserve arrive à son terme et selon la procédure administrative automatique (en fonction de l'âge et des durées de service), il est "désaffecté" de la cavalerie.
Son parcours militaire aurait pu s'arrêter là, malheureusement pour lui, la grande Histoire en décide autrement et le 4 août 1914 la mobilisation générale rappelle tous les soldats, qu'ils soient dans des régiments d'active, de réserve ou récemment démobilisés.

Jean n'y échappe pas et commence pour lui un nouveau parcours de cinq ans sous l'uniforme, de l'infanterie à l'artillerie lourde en passant par des retrouvailles avec les chevaux (dans les indispensables escadrons du train qui ravitaillent les premières lignes grâce aux premiers camions mais encore aussi beaucoup à cheval). 



















Un parcours qui le conduit des tranchées de Verdun à la protection du Chemin des dames, en passant par des fronts plus exotiques.


C'est cette vie d'aventure, particulièrement dangereuse que nous vous proposons de retrouver dans l'ouvrage à venir et lors de l'exposition.

Archives départementales

Pour combler les nombreux "blancs" de nos recherches sur les poilus vérinois, nous nous sommes rendus à plusieurs reprises aux archives départementales de la Loire à St Etienne.
Les divers documents consultés ont été à la hauteur des attentes puisque nous avons enfin retrouvé la trace des soldats oubliés.
La richesse historique des documents a permis d'ouvrir un nouveau pan de recherche.  En effet, je tenais à retracer le parcours de plusieurs vérinois revenus vivants de la guerre. Ce sont des histoires difficiles mais qui compensent les fins tragiques de ceux qui figurent sur le monument aux morts.
Le livre ne reprendra qu'une sélection limitée de ces parcours mais, dans la mesure du possible, nous présenterons tous ceux que nous aurons retrouvé lors de l'exposition qui se déroulera en 2014.

jeudi 24 octobre 2013

Calendrier

2013

11 novembre: dans le cadre de la grande thématique annuelle du réseau des bibliothèques du Pilat Rhodanien, le langage, nous présentons le "lexique de 1914".
Il s'agit plus d'une transition vers le prochain grand thème annuel que le réel début des événements.

Cette présentation sera l'occasion de dévoiler les premières illustrations et peintures reçues pour l'exposition collective autour du thème 14/18.

2014

Janvier/ février: début de l'exposition dans les locaux de la Bibliothèque de Vérin,
présentation des poilus de Vérin sur les panneaux et exposition collective de peintures
Le contenu sera visible toute l'année mais avec un affichage par roulement afin de renouveler régulièrement la présentation.

semaine 44: inauguration des travaux du groupe intercommunal à Pélussin
 
Octobre: Début officiel du thème au sein du réseau SHED
spectacle "Lettres à Adèle" à Pélussin

Décembre: fin de l'exposition à la bibliothèque

2015

Ouverture du site

Cette page est une annexe du site de la Bibliothèque municipale de Vérin.

Nos recherches et nos projets autour du centenaire de 14/18 prenant un peu trop de place sur le site principal, nous ouvrons cette nouvelle page.

Notre petite équipe de bénévoles de la Bibliothèque officie en tant que correspondant du village pour la mission centenaire du canton.

Dans ce cadre, nous préparons un livre d'une soixantaine de pages. Il est en fin de gestation et devrait connaître un développement ultérieur via des supports numériques.
Il portait initialement sur la recherche des soldats inscrits au monument, ainsi que, dans la mesure du possible, sur la vie locale pendant la guerre.
Les recherches nous ayant obligé à explorer les archives départementales de St Etienne, nous en avons profité pour étudier des cas tombés dans l'oubli:  les soldats rentrés vivants et pourtant marqués par la guerre.
A ce jour, et ce travail est loin d'être fini, ce sont quarante nouvelles biographies qui se sont ajoutées. La création de la commune en 1880 complique les recherches. Les plus anciens soldats ne sont pas nés à Vérin mais à St Michel, La Chapelle Villars et pour la majorité à Chuyer, dans les quartiers et lieux dits qui ont été pris à ces différentes communes pour créer la nôtre.
Notre corpus initial était constitué des seize noms inscrits sur le monument, nous y avons ajouté le 17ème de la plaque de l'église et le 18ème, gravé sur une tombe du cimetière. Avec ces quarante nouveaux vérinois nous arrivons donc à 58 soldats, tous civils, appelés du contingent.
La liste ne s'arrête pas là, il nous reste encore de nombreux vérinois à rechercher dans les archives militaires.

La documentation originale.
Avec la recherche dans les archives, elle est le deuxième pilier de notre action.
Les vérinois ont répondu de manière satisfaisante à notre appel. Ils, et surtout "elles", nous ont confié une documentation aussi originale que riche pour l'histoire:
le poème d'un G.V.C., un cahier d'écolière en 1914, un carnet de guerre (+ un carnet de chansons du même auteur), une abondante correspondance de cartes et lettres de poilus à sa fiancée ardéchoise, une émouvante dernière lettre d'un soldat avant qu'il ne soit tué dans l'assaut du lendemain, des revues d'époque, et j'en oublie.
Nous sommes toujours preneurs de documentations familiales, par exemple, nous manquons cruellement de photos des poilus vérinois.
Je dispose de nombreuses photos, mais il ne s'agit pas de soldats originaires du village.

La procédure:
 les documents confiés sont scannés si cela est possible, sinon photographiés, puis retranscrit. Dans la mesure du possible, nous essayons de ne pas les conserver trop longtemps.
En nous confiant vos documents vous vous engagez à nous les mettre à disposition pour le livre et pour l'exposition.
L'usage que nous en faisons n'est pas commercial et nous masquons tous les éléments d'ordre privé et qui ne correspondraient pas au thème.

La participation des vérinois à la guerre de 14/18, comme la vie locale à cette époque, s'avèrent être bien plus étoffées que prévu.

Sans dévoiler la totalité du contenu, ce nouveau site a pour vocation de présenter ce travail.